Marseille – Hôpital Nord

Jean-Camille Mattei, à l’Hôpital Nord. A 33 ans, il savoure pleinement son choix
Je suis allée à la rencontre de Jean-Camille Mattéi passé de l’industrie agroalimentaire au métier de chirurgien orthopédique. Et je peux vous dire qu’il l’aime son métier… Il nous explique pourquoi. Avec humour et passion.
Des diplômes, des diplômes…
Tout était pourtant plié grâce à un enchaînement qui donne le tournis… « Prépa aux grandes écoles d’ingénieur (Lycée Sainte Geneviève dit « Ginette » sur Versailles), prépa BCPST (anciennement Maths Sup Bio-Math Spé Bio) et après une admissibilité aux Ecoles Normales Supérieures de Paris (Ulm) et Lyon et aux écoles d’ingénieur en Agronomie, puis admission à l’Institut National Agronomique de Paris Grignon, secondairement fusionné dans le groupement des grandes écoles parisiennes (Polytechnique…) sous le nom d’Agroparitech ». Bon dit comme ça, on peut dire que notre chirurgien était pris dans un cercle infernal 🙂
« Lors des 3 années de formation en ingénierie (environnement, biologie végétale, management, physique, chimie…), je me suis progressivement tourné vers la bactériologie, la nutrition et la technologie de l’alimentation. Alors, j’ai fait quelques missions pendant mon école d’ingénieur pour Danone, Unilever et deux trois sociétés de conseil parisiennes dans le cadre de notre Junior Entreprise) ». Seulement voilà, il manquait quelque chose dans la vie de Jean-Camille. Des patients !
C’est reparti pour 10 ans d’études…
« J’ai donc progressivement pensé que j’étais en train de me rapprocher de la médecine, et une crise d’ado un peu tardive m’ayant éloigné de ce métier (type « je ne ferai pas comme ma mère, mon père mon grand père ou ma tante », j’ai compris que j’aimais être au contact des gens, avec un attrait pour le manuel qui m’ont progressivement orienté vers la chirurgie. J’ai décidé de faire médecine. Initialement avec mon parcours « nutrition-santé », je pensais davantage m’orienter vers l’endocrinologie ou un service de nutrition hospitalier mais un stage dans le service du Pr Curvale et Rochwerger (en orthopédie) a séduit mon côté ingénieur : ce sont 2 professeurs très proches de la corrélation anatomie-biomécanique et qui rendent passionnante la compréhension de nombreuses pathologies des tendons-muscles-os lorsqu’elle est appliquée à des notions plus physiques et logiques ».
Des opérations techniques
« Pour citer un instant précis je me souviens très bien d’une chirurgie où l’on procédait au remplacement de l’articulation d’un genou arthrosique par une prothèse : les notions abordées d’angulations, d’axes mécaniques, de corrections à apporter m’avaient emballé et c’est à ce moment que j’ai pensé m’orienter vers l’orthopédie. Le choix de la spécialité finale en médecine étant particulièrement liée aux terrains de stage que l’on peut rejoindre (le temps ne nous permet pas de visiter tous les services de toutes les spécialités) et aux personnes rencontrées : étant très proche de mes patrons et maîtres, particulièrement humains dans ce milieu parfois difficile, avec une importance particulière de ce que nous partageons à côté : la musique, la culture et pas mal d’humour. Ce qui est indispensable à mes yeux : ajouter une autre dimension à ce travail très « technique » et dur sur le plan psychologique. Nos équipes sur l’hôpital Nord qu’elles soient médicales ou paramédicales jouent à ce titre une importance capitale dans ma motivation et le plaisir à exercer mon métier.
Par la suite, en passant dans des services de chirurgie digestive ou vasculaire j’ai été très tenté par la minutie des dissections et la technicité des gestes et qui m’ont progressivement amené à me former à la chirurgie du pied et à la chirurgie des tumeurs, qui nécessitent des dissections fines et qui satisfont mon côté « manuel » et « artistique », aimant particulièrement peindre et dessiner ( à une époque où j’en avait plus le temps).
La chirurgie des tumeurs est aussi l’occasion de me rapprocher de patients en détresse profonde et il est évident que cette composante m’avait manqué en tant qu’ingénieur et n’a fait que renforcer ma passion pour la médecine.
Etant assez sociable, travailler en équipe est primordial pour moi. Dans ce milieu ultra spécialisé de hautes compétences (puisqu’il nécessite la collaboration avec de nombreux acteurs (en réunion ou à distance) comme nos collègues et amis oncologues, radiologues, anatomopathologistes et radiothérapeutes) je me sens particulièrement à ma place au sein des réflexions en jeu. Ce sont des personnes passionnantes qui renouvellent sans cesse notre regard sur les patients et notre analyse des situations. J’espère que nous saurons être inspirés et soutenus dans l’amélioration constante des soins pour ces pathologies particulièrement difficiles à vivre par les patients.
L’hôpital Nord est aussi Trauma Center régional, habilité à recevoir des traumatisés lourds nécessitant une prise en charge globale : il s’agit aussi de patients malheureusement très souvent gravement atteints pour lesquels je suis heureux d’essayer d’apporter mes compétences.
Heureusement que les 2 services d’orthopédie de l’hôpital Nord nous permettent aussi de réaliser des chirurgies qui apportent rapidement un soulagement aux patients comme les prothèses de hanche, de genou ou encore la chirurgie du pied et qui compensent en partie la lourdeur des pathologies dont sont atteints certains de nos patients. Ce qui est indispensable en ce qui me concerne pour mon équilibre ».
Vers la recherche
Le domaine de la cancérologie reste cependant aussi l’occasion de mettre à profit mon expérience de vie et mon attrait pour la recherche dans cette partie de la médecine où la recherche est particulièrement active. En effet, le côté recherche m’avait rapidement passionné et mon stage de fin d’étude d’Ecole d’ingénieur s’était déroulé dans un laboratoire à la pointe des expériences sur les maladies métaboliques liées au cholestérol à la Pitié Salpétrière à Paris. Ma thèse de docteur en sciences a porté sur le développement de nouvelles drogues de chimiothérapie dans le cadre des tumeurs des muscles et des os. C’est aussi pour cela que je devrais rejoindre Toronto pour un an l’an prochain afin de poursuivre des travaux de recherche et parfaire ma formation sur la chirurgie des tumeurs dans un des centres internationaux leaders en la matière.
Enfin si je cherche à rester à l’hôpital et à la faculté au travers de mon cursus c’est aussi pour poursuivre l’enseignement: animer des cours, expliquer et transmettre avec passion et implication les 2-3 choses que je pense savoir à des étudiants qui tente de cheminer, comme je l’ai fait par le passé, dans un métier exigeant et difficile, mais ô combien passionnant ».