Marseille – Préfecture

Connaissez-vous les bébés signeurs ? Moi je ne connaissais pas et c’est par l’intermédiaire d’Anne Chambrillon que j’ai découvert cette technique qui consiste à enseigner aux parents et aux enfants l’art d’utiliser le langage des signes (alors qu’ils sont parfaitement entendants), afin de mieux communiquer ensemble. Cette discipline  très méconnue en France mérite que l’on se penche sur elle. Explications.

Anne a créé des ateliers joyeux avec contes, comptines, et des jeux pour transmettre aux parents un outil très utile qui permet aux bébés et jeunes enfants de communiquer avant l’arrivée de la parole. Imaginez votre bébé d’un an vous demander de l’eau, à manger, qu’on lui change sa couche, d’arrêter les glis-glis ou bien qu’il montre une fleur, un chien, etc grâce au langage des signes…. Pas mal non ? « Les bébés peuvent ainsi s’exprimer pendant la période où ils comprennent tellement de choses, sans pouvoir l’exprimer sinon que par les pleurs. »

« L’atelier des mains » qui est en marche depuis septembre 2015 a déjà reçu 70 familles en quête d’optimisation de leur relation avec leur enfant. Anne Chambrillon travaillait il y a encore quelques années à Paris, dans le domaine de l’évènement culturel. Désormais elle s’épanouit pleinement dans cette activité de transmission.

« Tout a démarré dans un parc, il y a un an. J’ai vu une maman signer avec son bébé. Mon fils Lucien avait 15 mois, elle m’a expliqué et j’ai trouvé ça génial. J’ai suivi une formation à Paris et j’ai décidé d’importer cette technique très méconnue en France, bien utilisée aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années, ainsi qu’au Canada. Les bébés sont très réceptifs. On n’apprend évidemment pas tout le langage des signes destiné aux sourds et muets mais une centaine de signes qui permettent de mieux se comprendre, d’établir une belle complicité. On peut démarrer à 8 mois (dès que le bébé dit au revoir avec la main, c’est qu’il associe le geste à la parole) et c’est aussi intéressant pour les enfants plus grands pour des moments complices. Par exemple, mon fils ne veut pas que je l’embrasse devant l’école, alors on se fait un petit signe que nous sommes les seuls à comprendre ».

Le signe permet de répondre aux besoins de l’enfant. Il peut éviter des pleurs, des conflits. Et pour ceux qui craignent que l’enfant préfère les gestes à la parole, Anne a une réponse qui semble juste. « On parle quand on fait le signe, donc la parole n’est pas du tout occultée, le geste est un outil de plus, qui disparaîtra quand l’enfant n’en aura plus besoin ».

L’apprentissage des signes n’empêche pas la frustration pour l’enfant, dans le sens de limite. Si l’enfant réclame un gâteau par le signe, personne n’est obligé de répondre favorablement à sa demande. En comprenant ce qu’il veut, on peut lui répondre. Au final, il sera moins frustré car il a su se faire entendre. C’est un vrai processus de langage, d’apprentissage de la vie.

Les papas apprécient aussi les séances. C’est l’occasion pour eux de se rapprocher de leur enfant, surtout quand ils travaillent beaucoup. Papas, mamans, et enfants babillent ensemble en faisant les mouvements. Au départ, certains sont un peu bloqués. « Lorsque le déblocage a lieu, je peux vous assurer que c’est très émouvant, même pour moi » explique Anne. Les ateliers réunissent à chaque fois 4 ou 5 familles, quelques séances suffisent à connaître les essentiels.  Ils ont lieu dans différents endroits de la ville, selon les demandes.